![]() |
Les manifestants à nouveau dans la rue (AFP) |
Procès télévisés « en direct »
En quelques jours, les manifestants ont aussi obtenu que les procès des responsables de l'ancien du régime soient télévisés « en direct », et l'accélération de la justice sur ces questions. « Le fossé entre les manifestants et le pouvoir - armée et gouvernement - reste important, mais l'on va vers un apaisement », estime Hicham Mourad, professeur de sciences politiques à l'université du Caire. « D'autant que les élections législatives, prévues pour septembre, viennent d'être reportées au mois de novembre. Cela permettra aux partis politiques de se renforcer, et cette décision soutient en quelque sorte les mouvements laïques au détriment des Frères musulmans, qui réclament des élections rapides pour tirer profit de leur capital de sympathie », ajoute-t-il.
Plus largement, ces nouvelles concessions indiquent, selon Samer Soliman, militant au Parti social-démocrate égyptien et professeur d'économie politique à l'Université américaine du Caire, que « l'armée a compris, après des années d'un exercice exceptionnel du pouvoir, que ce monopole est fini et qu'il faut laisser la place aux civils ». Ce qu'elle cherche maintenant, « c'est conserver un pouvoir de veto, avec par exemple un article dans la future Constitution qui lui accorderait une sorte d'immunité sur son budget », explique-t-il. L'armée pourrait aussi, comme le réclament les mouvements laïques, « se voir confier la tâche de garantir la nature "civile", c'est-à-dire semi-laïque, de l'État », poursuit Soliman.
Quant aux candidats les plus connus à la présidence de la République, les ex-diplomates Amr Moussa et Mohamed el-Baradei, ils brillent surtout par leur silence. Pour Hicham Mourad, « c'est qu'ils attendent l'issue de la crise actuelle pour saisir les bonnes opportunités en fonction de leurs intérêts ».
(Article initialement écrit pour la presse française)