jeudi 17 février 2011

Urgences médicales

Le ministère de la santé vient de publier, du bout des lèvres, quelques chiffres sur les conséquences humaines du soulèvement. Il compte "environ" 365 morts et 5500 blessés. Le nombre de personnes disparues ou détenues ne fait pas encore l'objet de décompte officiel, mais des ONG estiment qu'elles sont plus de 100 et appellent les familles qui seraient toujours à la recherche d'un proche à se faire connaître.
Clash entre pro et anti Moubarak le "mercredi noir" 2 février.  (Photo AP)
Pour les blessés, souvent graves, beaucoup n'ont pas les moyens de se faire soigner. Certaines blessures empêchent aussi de revenir au métier d'origine. Des appels à solidarité sont donc lancés, et en Égypte, quand il s'agit d'aider une personne en détresse, le bouche à oreille est incroyablement efficace pour resserrer les liens. Ça fait partie de la culture. Il y a par exemple Nasser, 38 ans, marié et père de 3 enfants. Chauffeur avant de participer aux manifestations, il a perdu un œil et avec lui son travail. On lui recherche une place dans une entreprise, à la caféteria. Ayman se retrouve avec une déformation de l'orbite oculaire et une fracture du nez. La chirurgie coûte l'équivalent de 1300 €, dont  760 € ont déjà été trouvés. Les personnes en mesure de combler la différence sont désespérément attendues. Mohamed, 22 ans, était aussi chauffeur et a perdu un œil (les policiers qui avaient d'abord commencé par tirer sur les jambes, ont reçu l'instruction de viser cet organe avec leurs balles en caoutchouc, quand la furie des manifestants s'est déchainée). Mohamed, donc : enfant, il aidait son père cordonnier. Aujourd'hui il voudrait bien ouvrir un atelier pour exercer ce métier. Mais il lui faut un petit coup de pouce financier. A Suez, une collecte de fonds s'organise pour les dialyses de 15 personnes. L'hôpital public n'accueille plus de patients, ils doivent aller dans le privé qui facture 260 € la séance.
Parmi les nombreuses initiatives, les chirurgiens sont aussi appelés à opérer gratuitement les cas d'extrême urgence. Pour les équipes de secours volontaires, la difficulté est de les identifier car elles se trouvent parfois dans des zones reculées à la périphérie des villes. Quand au fonds destiné à permettre les visites de terrain des médecins et infirmiers, il s'épuise aussi rapidement qu'il est alimenté.

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